Bien que l’hypnose soit traditionnellement réservée aux personnes sans troubles cognitifs et avec une bonne capacité de concentration, des études suggèrent son efficacité chez les personnes âgées avec des troubles de la mémoire, notamment lors des examens médicaux.
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5 avril 2024
La ponction lombaire est une intervention invasive effectuée par des médecins de diverses spécialités. Malgré ses faibles risques de complications et d’effets indésirables elle déclenche de l’appréhension chez les patients. Pour favoriser son acceptation, des interventions non médicamenteuses (INM) peuvent être envisagées afin de réduire l’anxiété et la douleur des patients.
Une étude pilote randomisée et contrôlée (les personnes répondant aux critères d’inclusion à l’étude sont aléatoirement sélectionnées pour intégrer le groupe recevant l’intervention ou l’autre groupe) a été réalisée dans un hôpital de jour par des chercheurs français. Au total, 50 participants, âgés de plus de 70 ans, présentant des troubles cognitifs légers à avancés, avec une ponction lombaire programmée à des fins de diagnostic, ont été assignés soit à un groupe pratiquant l’hypnose, soit à un groupe témoin bénéficiant des soins habituels. Les patients de deux groupes pouvaient choisir une ambiance calme ou musicale pendant l’intervention.
Chez les personnes présentant des troubles cognitifs, les avantages de l’hypnose sont nombreux : elle est non invasive, ne provoque pas d’effets secondaires pharmacologiques et est bien accepté par les patients. L’hypnose, définie comme « un état de conscience périphérique réduite favorisant la réponse à la suggestion », regroupe plusieurs techniques telles que l’hypnoanalgésie pour la gestion de la douleur, l’hypnosédation utilisée principalement en anesthésie et l’hypnothérapie pour des applications psychothérapeutiques.
L’hypnose conversationnelle, proposée par un professionnel formé en hypnose clinique, a été pratiquée avant et pendant la ponction lombaire. Les patients ont été informés des principes et des objectifs de l’hypnose. Une fois dans la salle d’opération, l’hypnothérapeute et le patient ont échangé pour créer le lien thérapeutique. L’hypnose a commencé dès l’arrivée du médecin et de l’infirmière pour réaliser la ponction lombaire. Le patient a été installé en position assise, se concentrant sur sa respiration et la relaxation du corps et a interagi seulement avec l’hypnothérapeute. Ce dernier a parlé d’une voix calme et donné des suggestions directes induisant une réponse positive. Le patient a alors atteint un état de conscience modifié et c’est à ce moment-là que la ponction lombaire a été réalisée. La phase finale de l’hypnose a consisté en une réorientation du patient et a commencé lorsque le médecin a retiré l’aiguille vertébrale après avoir recueilli le liquide céphalo-rachidien. L’hypnothérapeute a ensuite modifié le ton de sa voix, invité le patient à revenir à son état naturel, avant de l’informer de la fin de la procédure.
Malgré le faible nombre de participants, cette étude pilote montre l’efficacité de l’hypnose pour atténuer la peur associée à une intervention médicale inconfortable. L’hypnose a été significativement associée à une réduction de l’anxiété, selon l’auto-évaluation des patients et le jugement des professionnels ayant réalisé la ponction lombaire, ainsi que de la douleur. Des investigations supplémentaires sur les facteurs contribuant au succès de l’hypnose chez les personnes âgées sont nécessaires.
Référence :
Courtois-Amiot P, Cloppet-Fontaine A, Poissonnet A, Benit E, Dauzet M, Raynaud-Simon A, Paquet C, Lilamand M. Hypnosis for pain and anxiety management in cognitively impaired older adults undergoing scheduled lumbar punctures: a randomized controlled pilot study. Alzheimers Res Ther. 2022 Sep 2;14(1):120. doi: 10.1186/s13195-022-01065-w. PMID: 36056417; PMCID: PMC9438329.
