13 juin 2023
Le tango pour faire valser la maladie

France Alzheimer Côte-d’Or a mis sur pied des ateliers de tango pour les personnes malades et les aidants.

Chaque samedi à Dijon (Côte-d’Or), des personnes touchées par une maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée et des aidants se retrouvent pour danser.

« Le déclic est survenu lors d’une fête de Noël il y a 4 ans », explique Danièle Grand-Perrin, ancienne aidante et bénévole à France Alzheimer Côte-d’Or. « Des musiciens étaient présents à cette fête et ça a été un véritable succès. Les gens se sont levés et ils se sont mis à danser et à chanter. Avec Christiane Sepulchre, une autre bénévole, nous avons imaginé proposer une activité autour de la danse. »

Les deux bénévoles ont suivi une formation à l’université de Bourgogne pour proposer des séances de tango thérapeutique, qui ont commencé en mai 2022, à destination de duos aidant/aidé ou d’aidants et de personnes malades venant seuls.

« Ces ateliers sont encadrés même si cela se fait, bien sûr, dans le plaisir, la convivialité et la bienveillance », ajoute Christiane. « Les ateliers commencent avec un chant. On chante tous ensemble Le plus beau tango du monde de Tino Rossi. Nous enchaînons avec un échauffement, des exercices pour tout le corps, puis on apprend, petit à petit, la danse, le tango. Nous mettons beaucoup l’accent sur la connexion entre les danseurs. C’est une des richesses de cet atelier et de cette danse. »

Aidant de sa femme, Gérard participe aux ateliers. « J’ai approché l’association il y a un an et demi et on m’en a parlé. On m’a dit que cela pourrait être bénéfique pour mon épouse et nous nous sommes inscrits. Nous y allons tous les samedis. Ma femme est assez avancée dans la maladie mais quand elle danse avec moi, elle est réactive. La danse la stimule. Nous aimions d’ailleurs danser avant et mon épouse retrouve vite le rythme. Après, les effets positifs ne restent pas dans le temps. »

« Pas tout à fait », glisse Christiane, qui y voit un avantage qui perdure. « Quand on observe bien, on voit que les personnes aidées arrivent avec un grand sourire. Cela signifie qu’elles savent qu’elles vont passer un bon moment. »

« C’est une parenthèse, un moment de chaleur humaine, où personne n’a peur du regard des autres. »

 

« Et puis, avec la danse, le tango, l’aidant pose un autre regard sur son proche », poursuit Danièle. « On voit une certaine complicité dans les couples. Ils se donnent la main, ils se regardent dans les yeux et ils plongent dans un moment où ils oublient, l’espace d’une séance, les difficultés de leur vie quotidienne. C’est une parenthèse, un moment de chaleur humaine, où personne n’a peur du regard des autres. »

Danièle relève que la danse, et la musique aussi, peuvent générer des moments surprenants. « La musique est émouvante, elle stimule. Un jour, une personne malade est venue à l’atelier. Elle devait en principe regarder parce qu’elle était sous anti-dépresseurs et elle n’avait plus d’équilibre, normalement. Je dis bien ” normalement ” parce qu’une fois que la musique était lancée, elle s’est mise à danser, tantôt avec une bénévole, tantôt avec son époux, durant tout l’atelier. »

Gérard glisse que l’atelier de tango est également bénéfique pour lui. « Cela amène de la joie. Je sors avec mon épouse. Tout le monde sourit à la fin de la séance et les autres participants deviennent des amis. »

Les ateliers de tango font par ailleurs l’objet de travaux de recherche. Le principe est d’étudier les effets bénéfiques des ateliers.