4 juillet 2024
Autorisation de mise sur le marché américain du Donanemab

La commercialisation du Donanemab (Kisunla) est autorisée aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration dans le traitement de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce.

Le 2 juillet, la Food and Drug Administration (FDA) responsable de l’autorisation de commercialisation sur le marché des États-Unis des médicaments, a autorisé le Donanemab, sous le nombre de commercialisation Kisunla, à rejoindre l’Aduhelm et le Leqembi dans l’arsenal thérapeutique des États-Unis pour traiter les patients présentant une maladie d’Alzheimer un stade précoce. Cette décision était largement attendue à la suite d’un premier vote unanime en faveur de ce médicament le 10 juin dernier.

Après le Kisunla en juillet 2023, c’est maintenant au tour du Kisunla d’être commercialisé aux Etats-Unis. Il s’agit maintenant du 3ème médicament de seconde génération à être autorisé pour lutter contre la maladie d’Alzheimer à un stade précoce.

Qu’est-ce que le Kisunla ?

Développé par le laboratoire Lilly, le Donanemab est un traitement par immunothérapie anti-amyloïdes. Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui a comme objectif d’améliorer la clairance cérébrale en nettoyant le cerveau des plaques amyloïdes. Il se repose sur l’hypothèse que l’accumulation de plaques est responsable d’une partie des symptômes observés dans la maladie d’Alzheimer, et qu’une prise en charge précoce de cette accumulation devrait permettre de ralentir ou stabiliser la maladie.

Qu’est-ce que le Kisunla ?

Les informations concernant la prescription de ce médicament sont similaires à celles du Leqembi. Il est prescrit pour des personnes à un stade précoce de la maladie d’Alzheimer et déconseillé aux personnes présentant deux copies de l’allèle APOE4, puisque ces dernières augmentent considérablement le risque de présenter des ARIA (micro-hémorragie cérébrale, principale symptômes majeurs de ce type de médicaments). Pour lutter contre l’apparition de cet effet secondaire délétère, la FDA préconise la réalisation d’une IRM avant la prise du médicament, puis avant la seconde, troisième, quatrième et septième perfusions. Les risques d’ARIA sont jusqu’à deux fois plus nombreuses pour le Kisunla, comparativement au Leqembi, avec un risque d’apparition survenant rapidement après les premières perfusions.

Le traitement consiste par ailleurs en une perfusion mensuelle d’environ 30min, au contraire du Leqembi qui nécessite deux perfusions d’environ une heure par mois, ce qui représente une contrainte supplémentaire.

Quant au coût du traitement, il est supérieur à celui du Leqembi, avec un total de 32.000$ contre 26.500$ par an. Cependant, la durée du traitement devrait être bien moins importante puisque dans les essais cliniques, le traitement au Kisunla était stoppé une fois la disparition des plaques amyloïdes constatée au scanner PET, soit après environ un an de traitement. Lors des essais cliniques, cela représentait environ deux tiers des participants présentaient étaient « amyloïdes négatifs » dès la première année.

Comparativement, le Leqembi est un traitement potentiellement à vie, avec un coût réduit de moitié lorsque les plaques ont disparu.

Quand devrait arriver ce traitement en Europe ?

Les autorisations de commercialisation en Europe sont gérées par l’Agence européenne du médicament (EMA). Elle va étudier le rapport bénéfice/risque des médicaments et leur accorder, ou non, le droit d’être commercialisé sur le territoire européen. Pour le moment, aucun candidat médicament n’est autorisé en Europe.
En 2022, nous interpellions les candidats aux élections présidentielle et législatives en précisant: « Alzheimer a disparu de vos ambitions politiques, mais pas de nos vies ». C’est ce que ressentent les plus de 3 millions de personnes malades et de proches aidants. Tous attendent d’être écoutés et surtout entendus.

En avril 2022, après un deuxième avis négatif émis par le comité d’experts de l’EMA, Biogène avait retiré sa demande d’autorisation pour l’Aducanumab, laissant l’Europe sans possibilité d’avoir accès à cette molécule.

Plus récemment, c’est Eisai qui a déposé une autorisation de mise sur le marché pour le Leqembi. Après un report de décision en avril 2024, le vote final de l’EMA concernant ce médicament devrait être rendu prochainement. Il est fort probable que cette décision conditionne l’autorisation du Kisunla dans un futur plus ou moins proche.

L’association France Alzheimer et maladies apparentées accueille la mise sur le marché américain du Donanemab avec intérêt, et espoir. C’est une bonne nouvelle, malgré des effets secondaires conséquents et une prise en charge qui s’annonce compliquée pour les patients et leur famille. En l’absence d’un traitement curatif, la perspective d’une innovation thérapeutique permettant de freiner le déclin cognitif est forcément réjouissante pour les familles que nous accompagnons au quotidien.