2 juin 2023
Augustin Charnet, l’hymne à la vie

Chanteur, compositeur et producteur d’albums pour Cali, Serge Lama et d’autres, Augustin Charnet, 27 ans, a sorti la première chanson de son projet solo. Un clin d’œil à sa maman, 59 ans, malade d’Alzheimer.

 

Augustin CharnetAugustin Charnet a 27 ans. Il est chanteur, compositeur et producteur d’albums pour Christophe, Cali, Serge Lama, Disiz, Bigflo et Oli ou encore Rilès. Et il vient de sortir le premier titre de son projet solo, Please don’t die, S’il te plaît ne meurs pas, en français.

« Cette chanson a été écrite de manière très spontanée, elle est venue d’un coup », explique Augustin Charnet. « Ma mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle est jeune, elle a 59 ans et ça fait presque 10 ans que sa maladie a été diagnostiquée. Elle était professeure de philosophie à Toulouse. Un métier où l’éloquence est important. Et cette chanson, donc, elle est venue toute seule, après que sa maman, ma grand-mère donc, m’a rapporté que ma mère avait des pensées dures, qu’elle était désemparée, qu’elle voulait en finir. Cela m’a beaucoup attristé et j’ai écrit cette chanson. Elle vise à rassurer un être aimé, malade, pour la consoler et lui dire qu’il reste plein de belles choses à vivre. »

Le toucher et la musique

L’annonce de la maladie a bouleversé la maman d’Augustin Charnet, ainsi que ses enfants. « Ma grande soeur Agathe était plus mûre que moi. Elle a pris directement les rênes au début. Elle m’a mieux intégré l’information. Moi, je n’avais pas 20 ans. Un âge auquel on n’imagine pas ses parents devenir malades. Je me le suis caché. Alzheimer à 50 ans, ça me semblait invraisemblable. Au début, ma soeur et la soeur de ma maman s’occupaient donc de tout et moi, je faisais plus le pitre. C’était ma manière de faire face, ou de ne pas faire face justement. Puis, j’ai été rattrapé par la réalité. J’ai dû enlever les oeillères. »

« Ça illumine littéralement son visage. »

Au fil du temps, Augustin Charnet a compris que, malgré la maladie, des moyens permettaient de conserver un lien très fort avec sa maman. « Le premier symptôme chez ma maman a été l’aphasie et je me suis demandé comment faire pour continuer à vivre de beaux moments avec elle. C’est passé par deux choses pour moi. Tout d’abord, le toucher. Je me suis mis à faire beaucoup plus de câlins, à être plus tactile, à prendre la main de ma maman, et je me suis rendu compte qu’il y avait une vraie énergie qui passait par le toucher. Ça illumine littéralement son visage. »

Et puis, il y a la musique. « Nous avons toujours baigné dans un univers musical. Jouer de la musique et chanter, c’était donc naturel. Et si ma maman n’arrivait plus à parler, elle n’avait pas oublié les mélodies. C’était intact. C’en était même impressionnant. J’ai alors acheté un petit piano électrique que je pouvais transporter partout et je lui jouais de la musique. Même si la maladie a beaucoup progressé maintenant, ça lui fait toujours plaisir quand je joue de la musique. Je le vois. Je pense que chacun peut trouver ce moyen, cette médiation, que cela soit la musique ou autre chose, pour continuer à vivre des moments privilégiés. »

« Il y a tellement de choses à déconstruire »

Augustin Charnet estime que ce type d’information devrait être diffusé au grand public, alors que la maladie d’Alzheimer est taboue et que la société n’est pas toujours très clémente avec les personnes fragilisées. « Il y a tellement de choses à déconstruire. Les citoyens ont peur de cette maladie et changer le regard sur la maladie prendra du temps. »

Pour Augustin Charnet, il est important de bâtir une société plus inclusive. Il relève d’ailleurs que sa maman a participé à des séances de ping-pong à Levallois, avec l’association France Alzheimer et maladies apparentées des Hauts-de-Seine. « C’était formidable. Tout le monde était bienveillant : les bénévoles, les familles, les entraîneurs qui étaient sensibilisés et formés d’ailleurs. Et puis, cela se faisait dans une totale inclusivité puisque d’autres personnes jouaient au ping-pongen même temps. Les familles n’étaient pas cachées. Ma mèrea passé de superbes moments là-bas. Elle était dans l’instant présent. Et pour aller au ping-pong, elle devait sortir de chez elle, prendre le métro… C’est le meilleur moyen de se sentir comme tout le monde. C’est important, parce que ce n’est pas plaisant de se sentir exclu de la vie sociale. »

Aujourd’hui, la maman d’Augustin et d’Agathe vit dans un habitat partagé, et encadré, pour malades d’Alzheimer. Il se situe à L’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne.